Le Congrès du PS : des gagnants, des perdants, et les autres

Le Congrès du PS: des gagnants, des perdants, et les autres

PARIS (AFP) - Le congrès du Parti socialiste au Mans a affermi la position de Laurent Fabius et François Hollande, affaiblissant en revanche Arnaud Montebourg, qui fait figure de grand perdant.

Après deux jours de tractations et une réunion marathon dans la nuit de samedi à dimanche, les dirigeants des trois grandes tendances du PS se sont accordés sur une motion commune, censée mettre fin à un an de querelle qui a déchiré le parti entre partisans et adversaires de

la Constitution européenne.

Parmi les postulants avoués ou non à la candidature pour la présidentielle de 2007, François Hollande revient du Mans avec une stature d'homme de rassemblement et va retrouver son poste de Premier secrétaire. L'autre grand gagnant est Laurent Fabius, qui avait été chassé de la direction du parti après le référendum sur

la Constitution européenne.

François Hollande a accepté une motion un peu plus à gauche, ce qui le recentre dans le parti. Il a imposé le tempo de la présidentielle en ne déviant pas du calendrier qu'il avait proposé (choix du candidat en novembre 2006), au risque que pendant des mois, les candidats malmènent l'unité retrouvée du parti.

Il va cependant affronter dans les prochains mois les ambitions concurrentes, qui risquent de mettre sa synthèse à mal.

L'image de diviseur de Laurent Fabius s'estompe, même s'il doit encore retrouver la confiance de nombre de militants. Il bénéficie de la réorientation à gauche de la "synthèse" et intègrera le nouveau bureau national, une position plus facile pour briguer l'investiture. Il participera à plein à la rédaction du projet du parti.

Le perdant du congrès est le député Arnaud Montebourg, qui défendait ardemment le projet de VIe République. Son propre courant, NPS, l'a mis en minorité en refusant d'en faire un point incontournable de la "synthèse".

Pour certains militants, il reste cependant celui qui a fait, comme il dit, "le choix de la conscience" et non "des intérêts". Et si les divisions resurgissent, en dépit de la synthèse qui pour lui "n'aura pas de pérennité", il peut bénéficier à moyen terme des divisions du parti, sur le thème: "je vous l'avais bien dit".

L'avenir de son courant reste cependant à court terme incertain, même si Vincent Peillon et Henri Emmanuelli ont obtenu que le texte de la "synthèse" d'union soit amendé dans leur sens, et pourraient obtenir des postes à la direction.

Même s'il n'était pas un des plus chauds défenseurs de la motion commune, qui a remis Laurent Fabius dans le jeu, Dominique Strauss-Kahn n'a pas voulu apparaître comme celui qui empêche le rassemblement. On a noté sa formulation: Je me réjouis de la "victoire de la motion que je présentais avec François Hollande".

La ligne choisie ne correspond pas vraiment à son réformisme, mais il devrait s'en accommoder. Il devrait aussi sortir rapidement du bois, puisqu'il a annoncé il y a un mois qu'il entendait exposer son projet aux Français à partir du lendemain du congrès.

Jack Lang n'a pas vraiment profité de ce congrès où il a parlé le samedi matin, avant tous les éléphants, ce qui a donné moins d'impact à son discours. Mais sa popularité reste intacte. Même situation pour Martine Aubry, montée à la tribune vendredi - un gros désavantage - mais qui a prononcé un discours clairement ancré a gauche.

Restée discrète pendant le congrès, Ségolène Royal n'est pas intervenue a la tribune. Elle a soutenu activement les efforts de son compagnon François Hollande, dont elle souligne volontiers la patience et la force de persuasion. Chouchoute des télévisions, elle n'ignore pas cependant que ce sont les militants qui choisissent le candidat.

Lionel Jospin est resté totalement absent du congrès, où son nom n'est apparu qu'à travers les références à son action. Il reste néanmoins à l'affût, selon les commentateurs, au cas où les divisions referaient jour.