Montebourg: la droite veut profiter d'Outreau pour mettre au pas les juges PARIS (AFP) - Arnaud Montebourg (PS) considère que la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire d'Outreau est "disqualifiée" et redoute l'utilisation de cette affaire par la droite pour imposer "la mise au pas" des juges d'instruction.
Dans une tribune publiée jeudi par Libération, le député PS de Sâone-et-Loire met en cause "l'impartialité" de certains des trente membres de la commission et regrette la participation des socialistes. Selon lui, "ils n'ont pas grand-chose à faire dans cette commission, à moins de risquer eux-mêmes de se déjuger". Il s'interroge aussi sur "l'objectif inavoué" de l'enquête parlementaire, qui est, selon lui, de "profiter du drame d'Outreau pour faire passer des réformes inavouables qui sommeillent dans les cartons de la chancellerie". Si "officiellement, la commission a pour tâche de lancer une réflexion sur les dysfonctionnements de l'appareil judiciaire", ses résultats sont déjà "dans les cartons de la chancellerie", affirme-t-il. Pour lui, "le PS, en acceptant la présidence de cette instance (assurée par le député PS de l'Isère André Vallini) en viendra de facto à valider implicitement les projets gouvernementaux". "Ces projets, on les connaît. Il s'agit, à partir de la stigmatisation du travail d'un juge d'instruction, bouc émissaire idéal, d'éviter de poser la question de l'énorme pression répressive que la droite sarkozienne a mise sur les tribunaux et les magistrats", écrit M. Montebourg. Il dénonce "cette droite qui impose la détention provisoire à tout venant, devenue en quelque sorte un principe de précaution définitivement destructeur de l'innocence et contre laquelle nul n'ose plus s'élever" et la "justice d'abattage, pauvre et sous-administrée". Selon lui, "en fond de décor, s'active un lobby prônant la suppression du juge d'instruction et la mise en place d'une procédure accusatoire à l'anglo-saxonne". "La disparition du juge d'instruction indépendant des pouvoirs, quels qu'ils soient, et de la puissance des lobbies économiques est un rêve qui se présente à la portée de la main de la droite. Pourquoi ne se saisirait-t-elle pas de cette magnifique occasion?", conclut-il.