28 septembre 2005
Le débat politique autour des rivalités personnelles énerve au PS
PARIS (AFP) - La multiplication des "candidatures à la candidature" pour la présidentielle de 2007 et les guerres intestines exaspèrent nombre de responsables socialistes, qui affirment ainsi relayer le "ras-le-bol" de l'électorat.
Le porte-parole du PS, Julien Dray, a mis les pieds dans le plat en se déclarant mardi "un peu démoralisé" par "les comportements" des responsables politiques, de gauche et de droite. "L'élection présidentielle les rend tous fous", a-t-il lancé. Elément nouveau, c'est un proche du premier secrétaire François Hollande comme Julien Dray qui appelle "l'ensemble des responsables politiques à se ressaisir". "Si on continue comme cela, on risque de voir Jean-Marie Le Pen en tête de la présidentielle" de 2007, a-t-il prévenu. Le député de l'Essonne décèle une "opposition frontale" non entre gauche et droite, mais au sein de "chaque famille politique". De fait, ce mouvement d'humeur touche aussi l'UMP. Lors des journées parlementaires du parti à Evian la semaine dernière, le président du groupe à l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, était sorti de sa réserve pour dénoncer des "petits jeux suicidaires inadmissibles". De nombreux élus s'étaient montrés agacés par les propos peu amènes échangés auparavant par médias interposés. Au PS, l'annonce par Ségolène Royal de sa possible candidature à l'investiture du parti pour 2007 a remis au premier plan un malaise récurrent depuis de longs mois, avec cette fois un ingrédient supplémentaire: le "machisme" qu'incarneraient les contempteurs de la démarche de la présidente du Poitou-Charentes. Le thème de l'obsession de la présidentielle était manié principalement jusqu'ici par la gauche du parti, qui n'a pas de candidat à promouvoir. Début septembre à Périgueux, le député des Landes Henri Emmanuelli brocardait "ceux qui considèrent le PS comme un outil pour leur plan de carrière". Il a comparé mardi le bal des présidentiables à "un aquarium médiatique où on voit apparaître des poissons et des poissonnes". "Cela a un effet assez négatif sur les gens", a-t-il soupiré. Pourfendeur de la Ve République, dont le chef de l'Etat est la clé de voûte, Arnaud Montebourg voit dans "ce cirque présidentialiste" la justification de ses critiques du régime. "Nous, nous n'avons pas de candidat. Nous avons un projet, notamment la VIe République", pour sortir de "la destruction lente de la crédibilité du système politique", a affirmé le député de Saône-et-Loire. Patron des députés européens du PS, Bernard Poignant prend la chose avec son humour habituel. "Après consultation avec moi-même, j'ai décidé de ne pas me présenter à l'élection présidentielle de 2007", a-t-il dit. Julien Dray, lui, appelle la classe politique à "répondre aux questions de fond" des Français, telles que le logement, les ghettos, le pouvoir d'achat. Sans vouloir "faire de reproches" à ceux qui tentent de se placer, le maire PS de Paris Bertrand Delanoë juge "dérisoire" de s'occuper de candidatures "quand on a raté l'épisode précédent, l'étape des idées et des propositions". En arrière-plan de ces lamentations domine la crainte que le congrès du PS, au Mans à la mi-novembre, n'apparaisse que comme un épisode de la bataille interne sur le choix du candidat pour 2007, menée au sein d'un parti qui n'aurait pas de projet. Sans pour autant désavouer sa compagne Ségolène Royal ni les autres présidentiables, François Hollande vient de rappeler que "pour l'instant la seule élection qui est ouverte au sein du Parti socialiste" est celle du premier secrétaire, le poste étant remis en jeu à chaque congrès.
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