L’écoute d’aujourd’hui fait la justesse de l’analyse de demain
L’écoute d’aujourd’hui fait la justesse de l’analyse de demain qui seule peut générer les victoires électorales d’après-demain
Voici pratiquement désormais deux semaines que les citoyens français ont rendu leur verdict, rejoints depuis par les hollandais. Personne n’est dupe sur les raisons qui ont conduit à ce résultat. Bien sur, l’Europe est peu visible, mal expliquée, mais surtout, elle n’est pas construite pour les hommes et les femmes qui la composent et, oh, surprise, ces derniers s’en sont rendu compte. Et que dire de la situation française. Là encore, il est certain qu’un gouvernement ectoplasmique dont la « philosophie politique » avouée de son chef se résumait au titre d’une chanson sortie tout droit de la Star Ac ne pouvait conduire à d’autre résultat que celui constaté. Il serait pourtant erroné de ne voir que l’aspect des choses sans sonder leur profondeur. Le texte publié dans ces mêmes colonnes par Jean Michel Gaignard a doublement raison de poser la question : « 21 Avril et 29 Mai, résultats générateurs ou révélateurs de crises » Car d’une part, il y a bien un lien entre ces deux résultats et d’autre part, les raisons de la victoire du non sont beaucoup plus profondes que n’ont voulu le laisser accroire les commentateurs de tous bords c'est-à-dire d’un seul.
La crise sociale qui touche la France, est réelle, génératrice de misère et de désespoir. L’absence de réponse concrète, tangible de la part de la gauche plurielle a produit, le 21 avril, un double mouvement : l’abstention et l’éparpillement des voix des ouvriers, des employés, bref, ce que l’on peut ou ce que l’on doit appeler, « le monde du travail ». La sanction politique a été brutale. Le représentant d’un parti d’extrême droite (pour ne pas dire fasciste) arrivait au second tour de l’élection présidentielle en évinçant celui d’une gauche introuvable. Cette défaite, non pas contre un adversaire plus fort, mais due à une carence de son propre camp, « le monde du travail » a mis 3 ans pour la digérer. C’est désormais chose faite. Ne serait-ce que de ce point de vue, le résultat au référendum est une victoire. Le coup de butoir a d’ailleurs créé un véritable séisme au sein de la droite au point que le pouvoir est en pleine crise de régime. A entendre les commentaires des ministres démissionnés, ou ceux du ministre-président de l’UMP, qui se ravi d’être à l’Intérieur pour régler leur compte à ceux qui auraient des dossiers sur ses turpitudes financières ou qui auraient divulgué les affres que lui fait subir son épouse, on se dit que le terme d’Opéra bouf n’est finalement qu’un doux euphémisme, auquel on préfèrerait « République bananière ». Confusément, pourtant, chacun comprend bien que le risque de voir ce résultat se transformer en victoire à la Pyrrhus est réel.
Or, devant cette crise sociale et politique cumulée qui ont si souvent caractérisé les périodes précédant celle de rupture brutale, la vacuité fracassante de la direction de notre Parti est saisissante. Comment ne comprend-elle pas que l’écoute d’aujourd’hui fait la justesse de l’analyse de demain qui seule peut générer les victoires électorales d’après-demain…
Pourtant l’enjeu est de taille. Le monde du travail n’est pas chimiquement pur, ni spontanément bon et une chose est certaine, la politique, comme la nature, ont horreur du vide. A feindre de l’ignorer, d’autres en feront leurs choux gras, sachant que plus la crise s’aggravera, plus le terrain se transformera en terreau fertile pour démagogues de tout poil. Tout ce qui conduit à tourner le dos à l’unité du Parti Socialiste et à l’écoute du « monde du travail » est mortel pour le PS et pour l’avenir de ce pays. Alors oui, parce que le courant NPS a désormais une place particulière, il a une responsabilité spécifique qui doit le conduire à être l’aile marchante du PS. De ce fait, il doit faire preuve d’engagement et surtout, ne manquer d’audace ni dans l’expression de ses idées, ni dans la promotion des hommes qui les portent.
Hervé COLAS